Une histoire de l'art sans nom
Wôlfflin
Une des tâches principales de l’historien d’art est de définir des repères, lesquels 1 permettront de classer des œuvres en suivant l’ordre de l’évolution de l’art. Ce: ordre est à trouver (voir document en fin de chapitre). Pour sa part, Heinrich Wôlfflin (1864-1945), élève de Burkhardt, définit ainsi la signification de sa recherche : « Une histoire qui se contente de constater la succession des événements ne peut pas survivre; elle se trompe en croyant ainsi être devenue « exacte ». On ne peut travailler d’une façon exacte que là où il s’avère possible de saisir le flux des phénomènes selon des formes fixes. Formes fixes que la mécanique par exemple fournit à la physique. Les sciences de l’esprit sont encore dépourvues de cette base, celle-ci ne peut être saisie que dans la psychologie. Elle permettrait aussi à l’histoire de l’art de ramener le particulier au général, à des lois » (Prolegomena zu einer Psychologie der Architektur, 1886) Wôlfflin veut être un anthropologue de l’art, de façon à substituer une chronologie des formes à une succession de faits sans liens entre eux autres que de l’ordre du récit. Les représentants de la théorie qui s’appelle « de la pure visibilité » sont en Allemagne Konrad Fiedler et Adolf Hildebrand. Wôlfflin retient les points suivants :
- la peinture s’adresse au seul sens de la vision,
- le tableau se présente verticalement, face au spectateur,
- l’œuvre est une coupe de la réalité,
- l’œuvre est une totalité fermée, une unité sémantique et une plénitude formelle.
Wôlfflin cherche des structures figuratives profondes qui travaillent les artistes et les spectateurs d’une époque et d’un pays, comparables à des traits « ethniques ». Il écrit d’abord sur la Renaissance italienne (Renaissance et baroque, 1888; L’Art classique, 1899), puis sur Dürer. Ceci l’amène à formuler des catégories formelles propres à l’art du Nord en opposition avec celles propres à l’art du Sud, opposant Dürer à Raphaël. Wôlfflin veut aboutir à la définition des caractères nationaux d’un style : le style est représentatif d’une époque, du « caractère national d’un peuple ».
Pour Wôlfflin, « la vision a son histoire, et la révélation de ces catégories optiques doit être considérée comme la tâche primordiale de l’histoire de l’art ». Mais « il n’y a pas de schéma purement optique ». Des aspects psychologiques interviennent. Cela n’exclut pas l’existence d’une loi : « La détermination de cette loi serait le problème essentiel, le problème fondamental d’une histoire de l’art scientifique ». Dans Les Principes fondamentaux de l’histoire de l’art (1915), il distingue cinq caractères essentiels pour chaque style, cinq couples de concepts fondamentaux : linéaire/pictural, représentation par plans/ représentation en profondeur, forme fermée/forme ouverte, pluralité/unité, clarté absolue clarté relative. L’évolution de l’art, affirme-t-il, est celle de la vision. On aboutit à « une histoire de l’art sans nom ».
Peut-on croire à une telle objectivité du sens d’une oeuvre? Tout se passe comme si cette dernière n’était que l’expression de quelque intention, comme si les faits étaient porteurs de vérité.
Vidéo : Une histoire de l’art sans nom
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