Les mouvements dans la peinture : Baroque
CONTEXTE
CARACTÉRISTIQUES
Le baroque adopte la peinture décorative plus que la peinture de chevalet (tableaux d’église ou de collections). De vastes fresques se déploient sur les plafonds et les voûtes des palais et des églises. Les œuvres, à la dimension du support architectural, proclament les thèmes de la Contre-Réforme : le martyre, la vision, l’extase, la croix et l’histoire des grands hommes de l’Eglise. La peinture baroque favorise les sujets mythologiques passionnés et mouvementés. La rhétorique persuasive mobilise allégories, emblèmes, métaphores et symboles. Pour parfaire ce langage, les artistes s’inspirent de l’Iconologie (1593) de Cesare Ripa.
Le baroque cherche à éblouir et à surprendre. L’emphase, la liberté imaginative, le mouvement et la profusion ornementale caractérisent ce style. La composition, décorative et monumentale (recherche d’une échelle plus grande que nature), décrit une spirale tourbillonnante ou une diagonale ascensionnelle. Les motifs et les figures, entraînés dans le mouvement, se détachent sur un fond clair. Le décor se déploie et les draperies volent dans un désordre apparent. Toutefois l’échange des gestes et des regards confère une unité à la composition baroque. L’espace instable se creuse et la perspective illusionniste ouvre les architectures (quadratura).
L’illusion d’optique, ou trompe-l’œil, rend incertaines les limites entre peinture, sculpture et architecture. La peinture crée la surprise visuelle en sortant du cadre et participe d’une réunion des arts en se combinant à la sculpture en stuc et à l’architecture. Le dessin sensuel et virtuose s’applique à la profusion du décor et fait surgir la multitude des personnages en raccourci et en torsion. Les formes s’interpénètrent et décrivent des courbes et des contre- courbes.
La lumière changeante, dramatique et divine suscite l’éblouissement, révèle des couleurs chaleureuses et lyriques qui deviennent plus fraîches, plus légères et plus claires à la fin du XVIIe siècle. Le baroque, très pictural, se reconnaît au colorisme et aux effets de matière. Les taches de couleurs juxtaposées font masse et les carnations palpitantes mêlent les glacis ocres, roses et bleus. Le coup de pinceau onctueux est large et empâté sur la toile.
ARTISTES
Italie
Le baroque romain séduit de nombreux artistes européens qui, selon leur pays et leur culture, l’adaptent à leur sensibilité : Giovanni Lanfranco (1582-1647) de Parme, précurseur du baroque, combine les perspectives savantes et l’audace des raccourcis du Corrège. Il influence Pierre de Cortone (Pietro Berrettini, dit, 1596-1669), figure
Hors de Rome :
Luca Giordano (1634-1705) de Naples, appelé « Luca fa presto » en raison de l’emportement de sa touche, s’adonne au baroque à la fin de sa vie.
Les fresques légères et aériennes de Gregorio de Ferrari (1647-1726) et certains ensembles décoratifs raffinés et clairs de Giambattista Tiepolo (1696-1770) marquent leur appartenance au style baroque.
Angleterre
Sir James Thornhill, (1675-1734) applique les procédés illusionnistes de Pozzo.
Autriche
Johann Michael Rottmayr (1654-1730) peint dévastés ensembles par masses colorées claires selon l’esthétique de Rubens.
Bohême
Carlo Skreta (Karel Sotnovski, dit, 1610-1674) réalise des peintures religieuses à Prague qui témoignent de l’ascendant de Véronèse et des grands peintres classiques.
Pays-Bas espagnols
Pierre Paul Rubens (1577-1640) transpose avec génie un sentiment baroque puissant et joyeux dans le tableau de chevalet. Il devient, avec ce style, la personnalité majeure de l’école anversoise et exerce une grande influence à l’échelle européenne (Gênes, Espagne).
Espagne
Influencé par les Flamands et par la peinture génoise, Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682) offre un baroque sentimental à la lumière diffuse et aux coloris dorés.
France
Simon Vouet (1590-1649) figure parmi les rares Français attirés par le baroque qu’il combine à une certaine rigueur classique.
ŒUVRES
Castor et Pollux enlevant les filles de Leucippe, Rubens, 1616, Alte Pinakothek, Munich.
Le Débarquement de Marie de Médicis au port de Marseille, Rubens, 1622-1625, musée du Louvre, Paris.
L’Assomption de la Vierge, Lanfranco, 1623-1628, coupole » de Sant’ Andrea della Valle, Rome.
Triomphe de la Sagesse divine, Cortone, 1633-1639, plafond du Grand Salon du palais Barberini, Rome.
Le Triomphe du nom de Jésus, Baciccio, 1672-1685, voûte de la nef, église du Gesù, Rome.
La Gloire de saint Ignace de Loyola, Pozzo, 1691 -1694, voûte delà nef, église Sant’ lgnazio, Rome.
Vidéo : Les mouvements dans la peinture : Baroque
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