Les mouvements dans la peinture : Expressionnisme
CONTEXTE
L’expressionnisme se développe entre 1900 et 1925, particulièrement en Allemagne et dans les pays germaniques. La tendance se manifeste dans deux groupes célèbres : l’association DIE BRÜCKE (« le Pont ») fondée à Dresde en 1905 et dissoute en 1913, puis la NEUE KUNSTLERVERE1NGUNG (« Nouvelle Association d’artistes ») qui prend le nom de BLAUE RELTER (« Cavalier bleu ») à Munich en 1911. Le terme d’« expressionnisme » commence à être largement utilisé vers 1910 dans le milieu de la revue et de la galerie Der Sturm à Berlin.
Les peintres s’éloignent des préoccupations purement plastiques et rejettent la représentation insouciante de la réalité (—► IMPRESSIONNISME). Pour les membres du BLAUE RE1TER, « le renouveau ne doit pas être seulement celui des formes, mais être une nouvelle naissance de la pensée ». L’art est le moyen d’exprimer les névroses individuelles et une conscience souvent révoltée face au malaise économique et social d’une société qui court à la guerre de 1914.
La peinture angoissée du Norvégien Edvard Munch et la touche passionnée de Vincent Van Gogh annonçaient le mouvement. Les expressionnistes pratiquent la gravure sur bois pour les effets tranchés et archaïques que cette technique permet d’obtenir, ils trouvent dans les arts africain et océanien l’élan pur et primitif qu’ils recherchent.
Le pouvoir nazi interrompt brutalement l’expressionnisme allemand jugé « dégénéré », et de nombreux peintres partent pour les États- Unis. La critique et les collectionneurs américains mettent à l’honneur l’art expressionniste après la Seconde Guerre mondiale.
CARACTÉRISTIQUES
Les peintres laissent souvent le support apparent. Les œuvres, oppressantes ou agressives, présentent une humanité dérisoire et pathétique. Les expressionnistes exposent sans pudeur la misère physique et morale, expriment avec la pureté de l’instinct l’érotisme et la mort. Ils peignent des sujets mystiques, se concentrent sur le visage et suppriment l’objet. Le paysage prend une intensité extatique. Les personnages envahissent le premier plan et la composition est soumise à une cadence heurtée. La représentation sommaire suggère le drame par la déformation et l’agrandissement de certains éléments anatomiques. Le dessin délimite les formes, et les lignes brisées exacerbent l’émotion. Les tableaux présentent des accords colorés violents et des tons salis, le noir et le rouge dominent. Le coup de pinceau brutal laisse des traces vigoureusement empâtées et rugueuses.
ARTISTES
Allemagne
Die Brücke :
Emil Nolde (Emil Hansen, dit, 1867-1956) peint des compositions religieuses, des natures mortes et des paysages d’un mysticisme primitif et passionné où figurent des masques, des tissus exotiques et des statuettes primitives.
Otto Mueller
(1874-1930) peint les bohémiens et des nus désabusés.
Ernst Ludwig Kirchner
(1880-1938) marque Die Brücke de manière décisive. Il développe un style aux formes anguleuses e-t aux volumes aplatis dès 1907, en relation avec la gravure sur bois. À Berlin, il décrit une société urbaine artificielle et vide. Le style de Max Pechstein (1881-1955) s’apparente au fauvisme et transpose le modèle primitif dans son environnement.
Erich Heckel
(1883-1970) peint des œuvres lyriques et souples.
Karl Schmidt-Rottluff
(1884-1976) s’inspire de l’art africain, de Nolde et de la gravure sur bois. Il crée dans ses paysages une synthèse expressive.
Der Blaue Reiter :
Le Russe Alexeï von Jawlensky (1864-1941) fonde la Nouvelle Association des artistes de Munich avec Kandinsky en 1909 et peint des. figures hiératiques et mystiques aux tons forts. Le célèbre peintre français d’origine russe Wassily Kandinsky il 866- 1944) prend comme principe la « nécessité intérieure » conduite par des préoccupations métaphysiques et spirituelles. Ses paysages expressionnistes simplifiés comportent un lyrisme coloré qui mène à l’abstraction en 1910. Un cavalier traverse les toiles, il devient le symbole du groupe DER BLAUE RElTER qui unit des artistes, non par le style, mais par les objectifs communs. L’artiste participe à l’exposition d’art graphique organisée par le groupe DIE BRÜCKE en 1909.
Gabriele Münter
(1877-1962) est élève de Kandinsky avant de s’associer au Blaue Reiter. Son style synthétique s’approche de celui de Jawlensky.
Franz Marc
(1880-1916) observe le monde animal et simplifie les formes.
August Macke
(1887-1914) propose une image confiante du monde au moyen d’une palette vive et claire.
Autriche
Oskar Kokoschka
(1886-1980) imprime un sentiment déchirant dans ses toiles par le dessin tortueux et les formes désagrégées.
Egon Schiele
(1890-1918), personnalité majeure du mouvement en Autriche, présente des figures humaines faméliques et moroses dans des scènes provocatrices qui mêlent l’érotisme et la mort.
France
Chaïm Soutine
(1893-1943), peintre d’origine lituanienne, transmet une vie douloureuse et vacillante à ses personnages ainsi qu’aux paysages et aux natures mortes. Sa manière de peindre associe les plages maçonnées, les giclures et les coulures.
En Tchécoslovaquie de 1907 à 1914, le GROUPE DES HUIT dont fait partie Emil Filla (1882-1953) crée un « cubisme expressionniste », tandis qu’en Hongrie un GROUPE DES HUIT différent, fondé par Béla Czobel (1883-1976) est actif de 1902 à 1912. En Pologne de 1917 à 1940, le FORMISME ou expressionnisme polonais compte Stanislaw lgnacy Witkiewicz (dit Witkacy, 1885-1939) parmi ses membres les plus marquants.
OEUVRES
Autoportrait avec modèle
Kirchner, v. 1910, Kunsthalle, Hambourg.
Pechstein dormant
Heckel, 1910, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Munich.
Maturité
Jawlensky, 1912, Städtische Galerie, Munich.
La Famille
Schiele, 1918, Österreichische Galerie, Vienne.
La Fiancée du vent
Kokoschka, 1914, Kunstmuseum, Bâle.
Bœuf et Tête de veau
Soutine, 1925, musée de l’orangerie, paris
Vidéo : Les mouvements dans la peinture : Expressionnisme
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