Arts de la table : Verre ou cristal ?
Origine incertaine
Le rayonnement de Venise
Dès le début du XIe siècle, des fours se développent en Vénétie et près de Gênes. Le verre produit est d’une grande qualité. Au XVe siècle, Venise invente un verre blanc baptisé «cristallin», se rend célèbre pour ses décors émaillés, ses verres imitant la malachite, l’onyx et l’agate, crée le « lattimo », un verre blanc et laiteux qui ressemble à la porcelaine chinoise, et le verre filigrané (contenant des tubes de verre incorporés dans la masse). Ces produits, exportés dans toute l’Europe, vont donner lieu à un style dit «façon Venise» qui règne en maître jusqu’au XVIIIe siècle.
Le verre de Bohême
L’industrie du verre, qui existe en Bohême depuis le XIe siècle, commence à se développer à partir du XIVe siècle. La région produit un verre potassique transparent, dur, brillant et au fort pouvoir de réfraction qui permet la gravure en haut-relief, réservée jusqu’alors au cristal de roche. Au XVIe siècle, Caspar Lehmann inaugure la taille et la gravure à la roue. À partir de 1730, le verre de Bohême supplante celui de Venise. Au milieu du XVIIIe siècle, les verriers de Bohême associent la taille au verre coloré à deux couches ou plus et inondent l’Europe jusqu’à ce que la guerre de Sept Ans, le blocus continental et les guerres napoléoniennes rendent ces échanges commerciaux de plus en plus difficiles.
L’Angleterre invente le cristal
En 1615, Jacques 1er d’Angleterre, confronté à une pénurie de bois, interdit aux verriers d’utiliser ce matériau comme combustible. En 1676, George Ravenscroft (1618-1681), un verrier londonien ayant travaillé à Venise, remplace le bois par de la houille et, dans les composants, la potasse par du plomb. La matière obtenue est baptisée « flint-glass ». Le cristal est né. Par ailleurs, l’utilisation de roues plus lourdes permet d’obtenir des décors d’une grande précision. Prenant le relais de Venise et de la Bohême, ce cristal devient le quasi-monopole des Anglais pendant presque cent ans, jusqu’en 1782.
Le verre en France
En France, au Moyen Âge, la plupart des verreries, qui font une grande consommation de bois, sont itinérantes. En 1615, on ne compte pas moins de trois mille artisans verriers. Ce n’est que vers le milieu du XVIe siècle que les manufactures commencent à se sédentariser. Le bois de fougère sert de combustible et les cendres, mélangées à la potasse, forment une matière première qui permet le façonnage à la pince. Du XVIe au XVIIIe siècle, ce verre commun, léger et brillant dit «verre de fougère», dont la teinte varie légèrement selon les régions, connaît une grande vogue. Vers le milieu du XVIIIe siècle, la déforestation alarme les autorités et l’utilisation de la fougère est interdite.
Au début du XVIIIe siècle, la Lorraine et la Normandie, ainsi que Nevers, Nantes, Paris et Orléans sont des centres prestigieux.
La perfection du cristal français
Après Venise, la Bohême puis l’Angleterre, c’est au tour de la France, tout au long du XIXe siècle, de se distinguer par la pureté de son cristal, ses innovations techniques permanentes et la perfection de ses réalisations. Quelques manufactures dominent la production de leur temps.
La verrerie de Münzthal, créée en Lorraine en 1586, devient Verreries royales de Saint-Louis en 1767. En 1781, cette manufacture, qui fait de la vitrerie et de la gobeleterie, est la première en France à produire du cristal et, à partir de 1825, à ne travailler que cette matière. Elle acquiert la maîtrise de la couleur, crée des opalines de grande beauté et invente, entre autres, la première boule à millefiori.
Un chemin parallèle est suivi par Baccarat. Fondée en 1764 par l’évêque de Metz dans un hameau de la forêt vosgienne qui lui a donné son nom, à cinquante kilomètres de Nancy, Baccarat produit d’abord du verre à vitre puis du verre façon Bohême, avant de se consacrer au cristal. Grâce à une composition très étudiée et à la qualité de ses artisans experts en gravure et en taille, Baccarat devient synonyme de perfection. Parmi les nombreuses manufactures de l’est de la France, citons également la Verrerie de Portieux, créée en 1705, et les Cristalleries Royales de Champagne, installées à Bayel, qui existent toujours. Dans la région parisienne, la marquise de Pompadour acquiert en 1750 le privilège de la Verrerie de Chaillot qu’elle fait transférer à Sèvres dans les dépendances de son château. À Sèvres également, la Manufacture des cristaux et émaux de la Reine, créée en 1784, est transportée ensuite à Moncenis, près du Creuzot. Elle ferme en 1832. Autres manufactures de qualité de la région parisienne : celles de Choisy- le-Roi (1821-1851), de Bercy (1827-1835) et de Boulogne qui devient Clichy en 1844. Troisième producteur français de cristal, Clichy est absorbée par Sèvres en 1885.
À la fin du XIXe, l’Art Nouveau, sous l’influence d’Émile Galle et de l’École de Nancy entraîne un nouveau type de créations davantage porté vers les pièces de décoration que sur les verres. C’est le cas pour Daum, créé en 1870. Il faut attendre les années vingt et René Lalique pour que la verrerie de table retrouve l’importance qu’elle a connue au XIXe siècle.
Vidéo : Arts de la table : Verre ou cristal ?
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Arts de la table : Verre ou cristal ?
https://www.youtube.com/embed/vTxjgvszKZI
Une réponse pour "Arts de la table : Verre ou cristal ?"
je cherche des verres de bohème émaillés avec des fleurs de différentes couleurs à prix raisonnables