Détrempe et tempera: détrempe tempera
Détrempe et tempera:
Il existe fréquemment une confusion entre les deux termes de détrempe et tempera. La détrempe, du verbe détremper, donc mouiller, est une peinture composée de pigments liés de colle étendue d’eau. La tempera ajoute au procédé de la détrempe un liant huileux, le jaune d’œuf.
La peinture à la détrempe:
La détrempe est une peinture à la colle. La cohésion, ou liant des pigments broyés, est assurée par une colle animale ou végétale (eau gommée), et l’eau en est le diluant.
Ce procédé de peinture est le plus ancien que l’on connaisse et fut employé par les civilisations méditerranéennes comme l’Égypte, les Étrusques, la Grèce et Rome. Le Moyen Age lui accorde une place prépondérante : il participe au décor des manuscrits et à la réalisation des fresques.
De nos jours, deux peintures à la détrempe sont utilisées : l’aquarelle et la gouache. L’aquarelle, composée de pigments très fins et d’une faible quantité de liant, allie transparence et luminosité à des couleurs somptueuses. La gouache, plus riche en liant, s’avère couvrante (opaque) grâce à l’ajout ou charge de craie pulvérisée.
La tempera:
Ce procédé désigne exclusivement la peinture à l’œuf. De tout temps, les artistes ont expérimenté l’ajout de liant à leur peinture : lait de figue, caséine, œuf entier, blanc ou jaune d’œuf additionné de vinaigre… L’huile et l’eau n’étant pas miscibles, le peintre, pour incorporer le jaune d’œuf (corps huileux) à la, détrempe (corps aqueux), les émulsionne et obtient une pâte à la consistance voisine de la peinture à l’huile. Le mélange obtenu est une peinture opaque qui sèche rapidement (siccative) par oxydation. La tempera offre au regard une surface dure et brillante, voisine de la matière de la peinture à l’huile. En outre, elle présente une grande fraîcheur de coloris et, en atmosphère sèche, une bonne résistance.
La tempera est toujours utilisée par les artistes qui perpétuent la miniature et l’enluminure, et continue à séduire les artistes (Serge Poliakoff, 1906-1969).
La mise en œuvre:
Les deux techniques exigent des supports parfaitement lisses. Le mur destiné à recevoir la détrempe est enduit de plâtre puis encollé, avant d’être poncé. La toile ou le bois sont préparés de la même façon. Le peintre applique plusieurs couches de craie ou de plâtre mêlés à une colle animale. Une fois qu’elles sont sèches, il les ponce et les polit. La surface ainsi préparée présente l’aspect lisse de l’ivoire.
La rapidité de séchage de ces peintures à l’eau rend impossible le travail « dans le frais ». L’artiste doit allier travail rapide et virtuosité dans la recherche d’effets plastiques. La tempera permet le modelé par superposition de couches et de glacis (jaune d’œuf chargé de peu de couleur). La détrempe exige la juxtaposition de valeurs différentes, puis un fondu réalisé à la brosse ou au pinceau humide avant que l’eau ne s’évapore (passage en douceur d’une valeur ou d’une couleur à l’autre). La superposition d’une couleur fraîche sur une autre entraîne la remontée des pigments de la couche inférieure à la surface du tableau.
le maître de la tempera : fra angelico
Le modelé traduit l’illusion du volume:
Fra Giovanni da Fiesole, dit Fra Angelico (v. 1400-1455), est un frère dominicain qui débute son activité en tant que peintre de miniatures, il fut considéré de son vivant comme le plus grand artiste florentin de son temps. Son raffinement et son grand art, au service d’une haute spiritualité, n’ont d’égale que la parfaite conservation de son œuvre : la luminosité et la fraîcheur des couleurs sont intactes.
Chaque artiste possède un souci du détail et des techniques qui lui sont propres. Ces caractéristiques, une fois repérées, peuvent être les indices d’identification d’un peintre. I_a tempera, très siccative par l’ajout du jaune d’œuf, contraint le peintre à une rapidité d’exécution guidée par un savoir-faire d’exception. Si le séchage rapide de la matière picturale est un atout dans l’exécution du carrelage peint en perspective, en revanche il ne permet aucun repentir (changement d’intention ou correction). Fra Angelico crée l’illusion du volume grâce à des aplats de valeurs différentes qu’il juxtapose. Il use également de ce jeu de valeurs pour structurer les marches en marbre de l’escalier, mais la technique en est différente, l’artiste « dessine » les surfaces de la pointe du pinceau. Des lignes sombres creusent l’image et suggèrent la troisième dimension des mains, du rebord des marches… Un modelé rond sculpte les visages (particulièrement les cous) et les drapés qui enveloppent les épaules et les talons, tandis qu’un jeu de fines hachures claires structure les chevelures et adoucit les passages d’une cou¬leur ou d’une valeur à l’autre.
Vidéo : Détrempe et tempera
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