Les mouvement dans la peinture : Art conceptuel
CONTEXTE
L’art conceptuel est un mouvement new-yorkais apparu en 1965. Le peintre op art Kienholz nomme ainsi la suppression du tableau par un concept. Ce concept peut se définir comme « la réduction de l’art à des idées pures, où n’intervient plus aucun « métier » artistique » (Robert Atkins, historien de l’art). Les artistes conceptuels privilégient l’idée et sa transposition sur l’objet d’art. L’art conceptuel trouve ses racines dans l’attitude dadaïste de Marcel Duchamp qui, en présentant ses ready-made, remet en cause la notion traditionnelle d’œuvre d’art. L’art conceptuel se développe en réaction à l’esthétique formelle et décorative de l’art minimaliste (-> MINIMAL ART) et à la toute-puissance de l’objet dans le pop art. « Les idées peuvent être des œuvres d’art. Elles s’enchaînent et finissent parfois par se matérialiser mais toutes les idées n’ont pas besoin d’être matérialisées » écrit le peintre minimaliste Sol LeWitt dans Sentences on Conceptual Art (1969). La réflexion sur le langage, la sémiologie (étude des signes), la philosophie, la méditation sur le fondement de l’art se substituent complètement à la création de l’objet. Le mouvement américain se développe ensuite en Europe et connaît un impact considérable jusqu’a la fin des années soixante-dix. Des artistes s’affirment en Europe, en Allemagne (Becher, Darboven), en France (B.M.P.T.) et en Grande-Bretagne (Art & Language).
CARACTERISTIQUES
Les concepts, les idées se présentent sous forme de déclamations parlées ou chantées, de conversations, de réflexions ou de citations politiques, sociales, philosophiques, linguistiques ou encore d’exposés. Ce sont aussi de petits livres, des textes illustrés, des photos, des films, des mots écrits sur les murs de galeries, des toiles animées de formules mathématiques visant à exprimer l’idée ou encore la mise en scène du corps de l’artiste ou de la nature.
ARTISTES
États-Unis
Joseph Kosuth
(né en 1945) est le chef de file le plus radical de l’art conceptuel. Il rejette toute réalisation artistique pour privilégier l’idée et le langage. Il présente une vision intellectuelle. Philosophique et linguistique de l’art sous forme de textes et d’exposés. Il faut quitter « les apparences » pour le « concept » écrit-t-il. Il conclut par la tautologie : « L’art est la définition de l’art. »
Hans Haacke
(né en 1936), d’origine allemande, s’installe aux États- Unis en 1965 et privilégie le discours social et politique. Il s’intéresse aux relations entre art et politique, par exemple à la culture mécénale entreprise par les multinationales qui, dans le même temps, asservissent des populations de pays non démocratiques (il dénonce les mécènes Cartier et Total en exposant une photographie de manifestants noirs intitulée les Must de Rembrandt).
Denis Oppenheim
(né en 1938) s’interroge sur la fonction de l’art et le rôle de l’artiste dans une optique éthique et politique. Il met en scène la nature et la confronte aux réalités conceptuelles : il dirige les semailles d’une moisson dont la récolte sera stérile, il empêche l’aceès d’un musée par l’encerclement de chiens,, etc.
Mel Bochner
(né en 1940) et John Baldessari (né en 1931) ironisent sur l’art conceptuel dogmatique. Bochner aborde le conceptuel expérimental : il explore l’espace et montre que la corrélation entre la perception et la verbalisation chiffrée de l’espace est ambiguë. Baldessari travaille sur le langage et réalise des tableaux de lettres et de textes, peint des légendes de photographies reportées sur toiles. Il s’intéresse à la sémiologie du regard, de sa « construction », des signes qu’il émet.
Lawrence Weiner
(né en 1940), Robert Barry (né en 1936) privilégient les textes et les commentaires. Barry essaie de communiquer une œuvre d’art conceptuelle par télépathie. Weiner inscrit des phrases dans les catalogues et sur les murs des lieux d’expositions. Par les lettres et la ponctuation, il se définit comme un sculpteur conceptuel : « La sculpture est dans les mots eux-mêmes, elle est réellement dans les matériaux auxquels les mots font référence. »
France
Daniel Buren (né en 1938), du groupe B.M.P.T., reste fidèle aux représentations minimales qui véhiculent toujours un concept, une idée à travers l’action, la provocation, l’installation des œuvres, etc.
Grande-Bretagne
La revue Art & Language est fondée en 1968 par Terry Atkinson (né en 1939), David Bainbridge (né en 1941), Michael Baldwin (né en 1945) et Harold Hurrell (né en 1940). En 1969, le rédacteur en chef s’appelle Joseph Kosuth. Ils abordent l’art comme un langage. Le premier numéro s’intitule « Journal of Conceptual Art ».
Allemagne
Le sculpteur et artiste conceptuel Joseph Beuys (1921-1986) s’intéresse à la syntaxe, aux performances et aux concepts sociaux. De très nombreux autres artistes deviennent conceptuels : John Cage (1912-1992), Dan Graham (né en 1942), Les Levine (né en 1935), Tom Marioni (né en 1937), Robert Morris (né en 1931), Edward Ruscha (né en 1937), Tarsua Yamamoto, pour ne citer que quelques-uns. Certains pratiquent le HAPPENING (événement en train d’avoir lieu) éphémère et aléatoire (artistique ou social) sollicitant le public. Les mouvements Fluxus, Pop Art et Gutaï utilisent aussi le Happening. Certains mouvements mettent en scène le corps humain : l’ACTIONNlSME VIENNOIS (1962-1968), dans le prolongement de l’Art informel et de l’Action Painting, et le BODY ART en réaction à la « froideur » de l’art conceptuel. La Performance, terme utilisé pour définir ces expressions publiques, va jusqu’aux mutilations et au suicide des artistes
ŒUVRES
Les Must de Rembrandt
Haacke, 1986, John Weber Gallery New York.
Singing man
Collective, Art & Langage, 1976, Musée national d’Art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris.
Vidéo : Les mouvement dans la peinture : Art conceptuel
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