La perception, le regard
La perception, le regard:
Le message du peintre est composé de signes visuels qui s’organisent dans l’image. La perception du regard sur un tableau est successive. L’œil associe très rapidement les signes visuels éparpillés par le peintre dans sa composition.
Le trajet du regard:
Le spectateur éprouve souvent la sensation de percevoir la totalité de l’image en un seul coup d’œil et en une seule fois. En réalité, dans la lecture du tableau, l’œil balaie la surface de l’image d’un mouvement très rapide.
Le trajet perceptif se fait par étapes successives. Le regard s’arrête très brièvement et successivement de points forts en points forts visuels. Le mouvement de l’œil du spectateur se fait dans le sens habituel de la lecture : en Occident, de gauche à droite et de haut en bas.
Dans le même temps, le regard trace aussi les axes visuels qui charpentent naturellement l’image. Il fractionne verticalement et horizontalement la surface, dans un équilibre naturel en trois tiers égaux, qui ne favorise ni le centre ni les bordures de l’image. Les points forts sont à l’intersection de ces « lignes des tiers ». C’est sur ces axes que le peintre va disposer les éléments qu’il souhaite mettre en valeur.
Les effets d’optique:
Notre regard complète mentalement ce qui manque à une image pour rétablir l’imitation visuelle dans son ensemble : pour percevoir une image, notre regard doit faire la différence entre la forme et le fond qui l’entoure. Cette distinction est relative ; elle dépend de notre décision de faire alterner visuellement l’ordre des premiers plans.
Lorsqu’on regarde l’image ci-contre, on peut voir :
– soit un vase noir, au premier plan, isolé sur un fond blanc ;
– soit deux visages blancs, symétriques, face à face, découpés sur un arrière-plan rectangulaire noir.
Le contexte visuel:
Un même signe peut avoir des lectures très différentes. Par exemple, dans ce dessin de Jean Cocteau (1889-1963), si un petit point noir est aperçu au centre d’un œil de la lune, il est aussitôt compris comme la représentation symbolique de la pupille de cet œil ; si le même signe (petit point noir) est aperçu répété en cercle autour du dessin, il est associé au cadre et devient un simple motif décoratif autour la figure.
les têtes composées:
Le peintre italien Giuseppe Arcimboldo (v. 1527-1593) réalise ici une allégorie du printemps qui appartient à la série des quatre saisons exécutée pour Ferdinand Ier de Habsbourg. Peintre de natures mortes et de bouquets floraux anthropomorphes, il est le peintre officiel de la cour de Prague et un artiste anobli.
Vu de près, le tableau représente le naturalisme des plantes et des fleurs juxtaposées. Vu de loin, la perception se modifie, le spectateur aperçoit le visage d’une jeune femme qui sourit, la tête de profil. Des fleurs, des tiges et des feuillages créent l’illusion de la peau (fleurs blanches et roses), des cheveux (une couronne de fleurs multicolores), des bijoux et des vêtements (des feuilles et des plantes).
Le nez est un bouton de lis ; les yeux, des petites cerises et une fleur ; l’oreille, une tulipe ; la colorette est fabriquée avec des fleurs blanches ; un lis blanc est planté dans la chevelure.
Arcimboldo peint des portraits en juxtaposant et combinant des objets du quotidien qui correspondent et caractérisent le thème du personnage représenté. Dans ce tableau, la profusion des fleurs évoque la luxuriance du printemps et le renouveau de la nature.
Vidéo : La perception, le regard
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