Repentir et repeint: repentir peinture
Repentir et repeint:
Le repentir désigne la trace plus ou moins visible des trans-formations décidées par l’artiste au cours de l’avancement de son travail pictural. Le repeint est un ajout ou un recouvrement partiel dû à l’intervention d’un autre peintre, commandité ou non, ou à une restauration.
Le repentir pictural:
Le repentir reflète l’exigence du regard de l’artiste au cours de son travail de création, lequel, dans un travail déjà avancé et au vu de l’ensemble, tient à parfaire ou à transformer un contour, une couleur qui ne lui semble plus en harmonie et ne lui convient plus. Cette intervention, tardive dans l’exécution, est distincte de l’ébauche, qui se situe en amont de la réalisation.
C’est la peinture à l’huile qui a rendu possible le repentir, qui n’existe pas dans la technique de la tempera où la reprise est pratiquement irréalisable en raison de la rapidité du séchage. La peinture à l’huile, en restant malléable un certain temps, permet au peintre d’effacer partiellement la première couche de couleur et de la reprendre afin d’apporter la modification souhaitée. Le recouvrement d’un glacis ou le travail dans la pâte qui s’ensuit est une opération délicate qui exige l’isolement des deux surfaces (partie effacée et repeinte) pour éviter que le dessous ne revienne à la surface. Le choix primitif réapparaît fréquemment ; la couche picturale s’amenuise avec le temps (robes, position des pieds chez Watteau), la composition chimique des couleurs en fait remonter certaines à la surface de la toile et provoque des embus, surfaces ternes et mates (Rembrandt) et trahissent le repentir, à moins qu’il ne s’affiche délibérément (Picasso).
Le repentir du peintre : un privilège d’artiste:
Il arrive qu’un artiste renie une partie de son travail et en décide la destruction, ce qui fut le cas de Botticelli (1445-1510). Le peintre, en proie à une profonde crise mystique à la suite de prédications de Savonarole sur la dégradation de mœurs, brûla des toiles en sa possession, convaincu de leur frivolité. Second privilège d’artiste, l’effacement de sa signature, sur un tableau dont il est encore en possession.
Le repeint:
Les repeints sont fréquents dans l’histoire de la peinture. Phénomène de mode, ordre moral, motifs économiques ou décision du restaurateur en sont les causes. Les peintures religieuses du Moyen Âge, jugées barbares par la Renaissance, ont souvent été remaniées au goût du jour ou recouvertes. À la fin du XVIs., sous l’influence de la Contre-Réforme, un peintre fut chargé de voiler la nudité des corps de la chapelle Sixtine peints par Michel-Ange. Il en fut de même pour les tableaux religieux de la Vierge Marie, dont le décolleté fut recouvert. Un œil exercé, une restauration ou les rayons des laboratoires débusquent une peinture remaniée. Transformation de la forme (pied du Saint Michel de Raphaël), de la couleur d’un vêtement, rétrécissement d’une coiffure (Joueurs de cartes de La Tour), ajout d’un personnage ou repeint d’un espace endommagé, telles sont les principales formes de repeints, sans compter les supports déjà peints que les peintres se sont appropriés.
Visibles ou découverts:
Picasso:
Le repentir volontairement apparent (fréquent chez Picasso) suggère le mouvement et participe à la traduction de la vie, alors que le fils de l’artiste, Paul, pose sagement assis.
Vélasquez:
Les Ménines présente un repeint que l’artiste, friand d’honneurs, n’aurait pas refusé. le loi Philippe IV d’Espagne fit peindre la croix du Malte sur la poitrine de Vélasquez quelque temps après sa mort, en hommage posthume à son peintre et ami.
Véronèse:
La restauration a révélé, au grand étonnement de tous, que ce manteau brun-rouge était un repeint réalisé sans doute peu après l’achèvement de la toile et que quatre siècles avaient ignoré. Son nettoyage, après consultation et autorisation d’une commission d’experts inter-nationaux, a dévoilé les drapés du vêtement et un vert somptueux inattendu.
Vidéo : Repentir et repeint
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