Arts de la table : L'argenterie: argenterie anglaise ancienne
L’orfèvrerie est l’un des arts les plus anciens, mais c’est avec la découverte du Nouveau Monde et de ses mines d’argent que les grands orfèvres européens peuvent donner libre cours à leur talent tandis que les rites de la table, au fil des décennies, exigent des couverts et des pièces de plus en plus nombreux, variés et sophistiqués. Au XIXe siècle, le métal argenté supplante l’argent massif et élargit encore le champ de l’argenterie de table.
L’argenterie ancienne
Ce que nous appelons «argenterie ancienne» commence vraiment au XVIIIe siècle avec de grands orfèvres comme Nicolas Delaunay, Claude II Balin et Nicolas Besnier. Malheureusement, cette argenterie est envoyée à la fonte à plusieurs reprises pour financer les guerres, notamment par Louis XIV en 1689 et en 1709. C’est ainsi que la postérité se voit privée de nombre de chefs-d’œuvre d’orfèvres français. Heureusement, un certain nombre de pièces commandées par des souverains et des aristocrates étrangers ont été conservées. Mais il suffit de comparer l’argenterie française avec l’abondance de l’argenterie anglaise de la même époque pour comprendre à quel point la première a souffert de la destruction. Il reste cependant, outre quelques pièces de prestige, des objets usuels comme des saupoudreuses, des flambeaux, des plats à pans coupés, des gobelets, des écuelles à bouillon, des verseuses.
Le style rocaille naît en 1723 sous l’influence de Juste Aurèle Meissonnier qui introduit l’asymétrie et le mouvement dans l’ornementation. Dans sa version douce, ce style se retrouve dans la vaisselle ordinaire de l’époque encore reproduite et appréciée aujourd’hui : plats chantournés, théières et cafetières à balustre, timbales tulipes, sucriers, salerons, flambeaux en balustre, couverts violons et violons-coquilles.
En réaction contre cette exubérance, l’orfèvrerie de l’époque Louis XVI marque le retour au classicisme antique renforcé par la découverte des ruines de Pompéi.
Jacques-Nicolas Roettiers crée des chefs- d’œuvre néo-classiques notamment pour la cour de Russie.
L’argenterie moderne
L’orfèvrerie, qui a disparu avec la Révolution, renaît avec le Directoire et prend un nouvel essor sous l’Empire. Henri Auguste, Martin-Guillaume Biennais et Jean-Baptiste Claude Odiot dominent leur temps, imposant des objets monumentaux ornés de motifs en bas-reliefs et décorés de rinceaux, d’aigles, de cygnes et aussi de sphinx puisque l’Égypte est à la mode. Le style Louis-Philippe, qui marque l’avènement d’une nouvelle classe bourgeoise coïncide avec le nouveau système de poinçon de charge à tête de Minerve. Cette orfèvrerie du xixe siècle nous est parvenue en grande abondance, donnant la préférence – encore et toujours – au style rocaille Louis XV et aux rubans et aux perles de style Louis XVI. Tandis que Froment-Meurice fournit l’orfèvrerie d’apparat de Napoléon III, la seconde moitié du siècle est marquée par un éclectisme stylistique qui se caractérise par des ornements tarabiscotés d’inspiration gothique, rococo et pompéienne.
La révolution du métal argenté
Mais la grande invention du xixe siècle est celle du métal argenté. Charles Christofle, à partir de 1844, exploite pour la France un procédé inventé par l’Anglais Elkington qui permet de recouvrir un métal ordi¬naire d’une couche d’argent par galvanoplastie. Il obtient un succès considérable, tant auprès des classes bourgeoises désireuses de rivaliser avec l’aristocratie qu’auprès de l’aristocratie elle-même, soucieuse de maintenir son prestige intact, et même de la famille impériale qui peut, sans souci d’économie, donner libre cours à son penchant pour le faste et la pompe. D’autres fabricants de talent se glissent dans le sillage de Christofle : Boulenger, Ercuis, Armand-Calliat, Poussielgue-Rusand. Cette époque marque aussi les débuts de la production industrielle, qui permet une fabrication en série à des coûts modérés.
Vers la fin du siècle, l’ornementation, souvent inspirée par des formes végétales, se fait de plus en plus envahissante, annonçant le japonisme, le naturalisme et l’Art nouveau. Le style 1925 avec Jean Puiforcat engendre de nouvelles formes, nettes et sobres.
Bien évaluer une pièce d’argenterie
Le mot « orfèvrerie » désigne à l’origine le travail de l’or. Il s’élargit ensuite au travail d’autres métaux comme l’argent, le cuivre, le laiton ou le maillechort, recouverts d’or ou d’argent. Le mot « argenterie » désigne l’ensemble des objets façonnés en argent.
Il existe plusieurs éléments qui entrent en ligne de compte pour évaluer une pièce d’argenterie : le titre, le poids, le travail, le style. Mais la source la plus digne de foi reste le poinçon, qui renseigne sur la date, l’origine et l’auteur de l’ouvrage.
Le titre
Trop malléables, l’or et l’argent ne peuvent être utilisés purs. Ce qu’on appelle l’argent massif est en réalité un alliage d’argent avec un autre métal, généralement le cui¬vre. Le titre est le pourcentage du métal précieux contenu dans l’alliage.
Pour l’argent, il existe deux titres :
1er titre : 925/1000; 2′ titre : 800/1 000.
Les poinçons de l’argenterie ancienne
L’argenterie dite « ancienne » concerne la période antérieure à 1838, date à laquelle apparaît le poinçon à tête de Minerve. Les pièces d’orfèvrerie les plus anciennes, c’est- à-dire celles qui sont réalisées avant 1791, portent obligatoirement quatre poinçons :
- Le poinçon de maître, généralement les initiales de l’orfèvre.
- Le poinçon de jurande qui désigne une ville garantissant le métal. Il s’agit d’une lettre date couronnée qui change tous les ans en suivant l’alphabet.
- Le poinçon de charge qui est apposé en cours de fabrication à partir de 1672 par les fermiers-généraux chargés de prélever les droits (le poinçon est propre à chaque fer¬mier et à chacune des trente et une circonscriptions).
- Le poinçon de décharge qui atteste le paiement des droits. Il est souvent représenté sous la forme d’un emblème (insecte, fleur, oreille, etc.) Après la Révolution, de 1798 à 1838, trois poinçons sont obligatoires :
- Le poinçon de maître ou de fabricant.
- Le poinçon de garantie, un coq à la tête tournée vers la gauche jusqu’en 1809, puis vers la droite jusqu’en 1819. De 1819 à 1838, le coq est remplacé par une tête de vieillard.
- Le poinçon de titre.
Les poinçons de l’argenterie moderne
Depuis 1838, l’argenterie dite « moderne » comporte obligatoirement le poinçon de charge, auquel s’ajoute souvent le poinçon du fabricant. Le poinçon de charge est une tête de Minerve tournée vers la droite jusqu’en 1973, puis vers les gauches, et accompagnée d’une lettre de l’alphabet qui change tous les dix ans.
Les poinçons du métal argenté
Depuis 1861 figure le poinçon de fabrique, carré ou rectangulaire. À partir de 1983, ce poinçon, carré, est accompagné d’un numéro indiquant la qualité de l’argenture ainsi que le symbole et les initiales du fabricant.
Pour les couverts, il existe deux qualités d’argenture (moyenne minimale, en microns, de l’épaisseur du dépôt d’argent): la qualité I est de 33 microns, la qualité II est de 20 microns.
Pour les pièces décoratives, la norme est de 10 microns pour la qualité I et de 6 microns pour la qualité II.
Ciselé, gravé, repercé, guilloché…
La ciselure consiste à enfoncer le métal à l’aide d’un marteau ou d’un ciselet pour rendre des tracés ou des fonds mats.
Le repoussé est obtenu lorsque l’orfèvre, travaillant sur l’envers de la pièce, repousse certaines parties vers l’extérieur pour obtenir du relief.
La gravure consiste à creuser un décor au burin ou à l’eau-forte (acide nitrique).
Le guillochage est une gravure au burin composée de petites lignes parallèles, brisées ou ondulées, entrecroisées ou non.
Les godrons sont un type d’ornement en relief ou en creux, de forme ovale, légèrement allongée.
Le repercé est une technique de décoration jouant sur l’opposition entre les pleins et les creux.
Vermeil, nielle et émaux
Pour obtenir le vermeil, il faut mettre une couche d’or sur l’argent.
La nielle consiste à déposer dans la partie gravée d’une pièce un mélange de soufre, de plomb, d’argent ou de cuivre. Une fois passée au four, la pièce présente un décor noir sur argent.
Les émaux, quant à eux, sont constitués de pâte de verre opaque ou transparente, en poudre, que l’on applique sur un fond d’argent avant de la passer au four, où elle se solidifie. Maintenus par des cloisons soudées, les émaux sont dits cloisonnés. Appliqués dans des petits berceaux creusés dans le métal, ils sont dits champlevés.
Vidéo : Arts de la table : L’argenterie
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